Le plus haut immeuble en bois de Belgique est luxembourgeois
MARLOIE Le XIXe siècle a été celui de l’acier, le XXe du béton, et le XXIe sera celui du bois… Telle est la vision de la société marchoise Buildinx.

Voilà déjà des années que les maisons en bois ont fait leur apparition en Belgique, via le bardage, le lamellé-collé ou l’ossature bois. Mais une autre technique de construction pointe de plus en plus le museau. Le CLT, comme Cross Laminated Timber. Un système qui permet d’atteindre des sommets inégalés, en hauteur. C’est à voir jusqu’à ce lundi au salon Bois & Habitat à Namur.
Nous avons participé fin 2014 à une visite spécifiquement axée sur ce concept, dans les Vosges, sous la houlette de l’ASBL Ressources Naturelles Développement et nous avons découvert les nombreux avantages de cette construction. Nous y reviendrons prochainement.
Parmi ces visiteurs, Philippe Courtois, directeur de Lamcol, entreprise installée à Marloie depuis 1978. Lamcol, le spécialiste du lamellé-collé, a en effet décidé de se diversifier en se tournant vers le CLT. « Le marché du lamellé-collé est saturé, dit-il. Il y a depuis quelques années une stagnation et des pertes de volume. Les grandes surfaces commerciales, les halls de sport, les halls de stockage, tous ces secteurs qui fonctionnent avec du lamellé, sont moins porteurs. Voilà 5 ans, on a donc réfléchi à une diversification fondamentale pour nous. Le CLT était une possibilité claire permettant de rentrer dans notre chaîne de production. »
Et cela a tellement bien fonctionné que Lamcol, ou plutôt Buildinx, le secteur habitat bois de Lamcol, est en train de construire le plus haut immeuble en bois de Belgique, à Mont-sur-Marchienne, un cinq étages qui culmine à 21,5 mètres. Une réalisation pour la société d’habitations sociales La Sambrienne, qui offre 1.000 m2 habitables, pour neuf appartements. Un premier bâtiment est en cours de construction, un second va suivre. Et cela va vite : de 6 à 9 mois tout fini, imbattable par rapport à une construction traditionnelle.
Et Buildinx ne fait pas que construire, il conçoit de A à Z. Du design and built, avec son propre bureau d’études, ses ingénieurs qui calculent, intègrent toutes les données : chauffages, électricité, fluides, acoustique, etc.
Le CLT a donc le vent en poupe chez Buildinx : le chiffre d’affaires se situait à 500.000 euros il y a deux ans, à un million en 2014 et il est déjà à 3,5 millions cette année, avec 90 % de commande ferme, dont 60 % pour le secteur public et 40 % pour le privé. « L’important est d’avoir en interne une équipe solide et complète, c’est-à-dire technico-commerciale pour ce type de projet spécifique. Le marché est en plein développement. Pour l’approvisionnement en bois, c’est le même schéma que pour le lamellé-collé. Les mêmes fournisseurs, le même bois. On sait donc de quoi on parle. On est en position de force, on a de l’expérience à tous niveaux. Nous avons cinq fournisseurs et on achète selon le prix et la qualité. »
Mais quel est l’avantage du CLT par rapport à l’ossature bois ? « On vend du plein et pas du vide », commente Philippe Courtois, pince-sans-rire. Le CLT est fait de bois plein, mais croisé contrairement au lamellé-collé. Et contrairement à ce qu’on a vu dans les Vosges où l’isolation est faite avec des bottes de paille, avec une performance assez exceptionnelle, BuildinX a choisi d’isoler avec de la laine minérale, soit une vingtaine de cm pour une paroi de bois de 14 cm. Le tout dans un standard passif. Les autres avantages par rapport à une ossature bois sont liés à l’étanchéité à l’air, à une finition intérieure complètement finalisée (tout est préparé en usine, les canalisations d’eau, d’électricité, etc.), et la finition intérieure est réalisée.
Côté coût ? « Une maison ossature bois est moins chère, mais il faut ensuite intégrer toute une série de choses, il faut effectuer des saignées pour intégrer toutes les tuyauteries. Mon objectif est d’arriver à un prix au m2 tournant autour de 1.400 euros hors TVA et hors frais, ce qui est équivalent à de la promotion immobilière traditionnelle. »
Le résultat est en tout cas efficace et surprenant !

© Le soir – JEAN-LUC BODEUX